Scott McNealy, ex P.D.G. de Sun Microsystems, s’est fait le pourfendeur de Microsoft et de son fondateur Bill Gates qu’il a accablé de tous les maux. Il aurait mieux fait de s’occuper de son entreprise plutôt que de jouer au preux chevalier. Son histoire vaut quand même d’être racontée car les échecs sont toujours source d’enseignements. Avant l’éclatement de la bulle, SUN a eu beaucoup de succès avec ses gros serveurs SPARC et son système d’exploitation Solaris très performant. Depuis, rien ne va plus. L’été dernier, il a fallu mettre plus de 5,000 personnes à pied, moins que les 10,000 du géant Intel mais une restructuration quand même majeure. Il a fallu le faire, car, au cours des cinq dernières années, les revenus ont baissé de 50%.
Mais que s’est-il donc passé ?
Le ciel a commencé à s’assombrir le jour où, en 1999, Google, le plus grand consommateur de serveurs – il en utilise au moins 150,000 aujourd’hui – a choisi d’assembler lui-même ses serveurs à partir de pièces acquises à bon marché et de les faire rouler sur le système d’exploitation libre qu’est LINUX. Au début des années 90, l’avènement des serveurs UNIX avait sonné le glas des grands ordinateurs centraux. Le même phénomène allait se répéter ici, moins de dix ans plus tard. La cible, cette fois, serait les serveurs de type UNIX, victimes de la loi de Moore sur le déclin perpétuel des coûts des microprocesseurs. La tendance était lancée. Des fabricants comme DELL se sont lancés avec grand succès dans la fabrication des serveurs Windows commandés en ligne par des professionnels des TI alors que les serveurs SPARC exigeaient des autorisations à beaucoup plus haut niveau dans l’entreprise. Non seulement le produit avait-il changé, mais le client n’était plus le même.
Et comment SUN a-t-il réagi ?
Comme l’entreprise avait accumulé beaucoup de fric, elle s’est permis de nier la réalité. Elle s’est aussi lancée dans le projet StarOffice qui voulait attaquer l’ennemi Microsoft Office. La suite StarOffice est un produit correct, un jumeau de MS Office, vendu 69,95$US. Un produit non différencié qui n’a nullement contribué au redressement de SUN.
Steve McNealy qui semble mieux réussir au golf qu’en affaires – son handicap de golf de 3.2 est le meilleur des P.D.G. américains – a ensuite développé le concept de la puissance de traitement vendue comme l’électricité. Au niveau conceptuel, l’idée est apparue séduisante, mais, dans les faits, l’analogie était mal choisie. Pourquoi ? L’électricité est très dispendieuse à produire et c’est pourquoi il faut s’en remettre à un tiers même s’il ne garantit pas l’approvisionnement. Nenni pour les cycles de traitement informatiques dont le coût baisse d’année en année. Pourquoi laisser ces réductions de prix à un tiers ?
Les enseignements de cette histoire sont importants :
1. Toujours être à l’affût du changement de comportement des acheteurs et toujours éviter le déni.
2. Les plans d’affaires fondés sur le sentiment – dans ce cas-ci la haine de Microsoft – sont rarement fructueux.
3. Méfiez-vous des analogies.